Travaux - discussion avec l'architecte Georges Gagnal
Depuis décembre 2020, des travaux sont en cours à l'Abbaye d'Ambronay. Nous avons posé quelques questions à l'architecte Georges Gagnal de l'agence Croisée d'Archi.
Monsieur Gagnal, pouvez-vous nous raconter rapidement votre métier, et votre rôle sur ce chantier ?
Le rôle de Croisée d'Archi sur cette opération est le rôle habituel de l'architecte, qui consiste à concevoir, étudier, organiser les appels d'offres et diriger les travaux d'une construction ou d'une réhabilitation. Dans le cas présent, cela comporte un travail d'étude historique important, associé à un gros investissement dans la concertation avec les différents partenaires et intervenants :
• le Département de l'Ain
• la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC, qui assure le contrôle scientifique et technique de la restauration)
• les différents intervenants du CCR
Ces derniers seront à terme les utilisateurs du bâtiment, et ont une grande connaissance des lieux.
Qu'est-ce qui rend le fait de travailler sur un chantier tel que celui-ci intéressant ?
L'intérêt d'intervenir sur un bâtiment à caractère patrimonial réside en partie dans cette collégialité et dans la richesse des échanges qui en résulte. Par ailleurs, travailler sur le patrimoine nécessite à la fois de le respecter mais aussi de le comprendre. Il en découle une recherche qui s'apparente parfois aux investigations policières, et dont les conclusions sont souvent surprenantes.
Par exemple, ici, nous avons mis en évidence que lors du réaménagement Mauriste, ce que nous appelons aujourd'hui « La Maison Graven », ce corps de bâtiment qui lie les deux tours médiévales, était affecté à l'infirmerie des moines. Vraisemblablement, cet aménagement se prolongeait au-delà et s'inscrivait à l'intérieur du volume de la Tour Dauphine.
C'est cette réflexion qui allie l'histoire, l'archéologie et la connaissance fine des techniques de constructions anciennes qui est passionnante.
Quelle est selon vous la priorité lors de la rénovation de bâtiments tels que ceux-ci ?
La priorité du restaurateur est de transmettre le bâtiment dont il a la charge avec la plus grande honnêteté possible. Conserver le plus possible, ne rien altérer, ne rien masquer, faire que les interventions soient, autant que faire se peut, réversibles. Le restaurateur n'est qu'un passeur de témoin dans une course de relais.
Quelles sont les grandes étapes à venir ?
Lorsque ce chantier sera achevé, la maison Graven sera protégée de la pluie (ce qui n'est déjà pas rien) et les attaques de mérule seront stoppées. Le département et le CCR pourront poursuivre leur réflexion sur les espaces libérés et leur future utilisation.
Il y aura d'autres programmes au service d'un projet qui continue à se dessiner.